Brest en Bulle

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24 septembre 2013

Chronique

« En prenant cet album,
tu as enclenché un processus maléfique :
si tu ne lis pas cette BD entièrement,
tu auras un an de malheur. »

Papa et Maman Mort ont le plaisir de vous annoncer l’arrivée de leur enfant : La Petite Mort. Afin de la préparer à remplacer un jour son père, ses parents décident de l’envoyer à l’école. Tiraillée entre son désir de devenir fleuriste et un destin qui semble déjà tout tracé, la Petite Mort va peu à peu découvrir les humains et les apprécier.


Traité sur un ton humoristique, on perçoit une nouvelle fois le caractère autobiographique que revêt cet album. Davy Mourier nous fait ressentir ses traumatismes d’une manière toute personnelle et nous amène à réfléchir sur le sens de la vie.
Cet autodidacte de talent, passionné de BD, est aussi un des rares auteurs à innover dans ce milieu. Cet album atypique, complété par une réalité augmentée (cf vidéo), nous le prouve à maintes reprises.
Souhaitant volontairement que l’album ne soit pas uniquement une succession de gags, il réussit le tour de force de nous raconter une histoire qu’il a souhaité ancrer dans une réalité au travers de fausses publicités, d’ajout de personnages sur son blog etc…

Pas étonnant que Delcourt ait souhaité lui mettre le grappin dessus !

Néness.

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18 septembre 2013

Chronique

Mars 1745, l’Écosse est en proie aux révoltes et à une nouvelle poussée indépendantiste.

Amélia est hospitalisée à Glasgow. Elle est mutique depuis la parodie de procès à la suite duquel Joseph Callander a disparu dans le Loch. Ce dernier doit la vie non pas aux cieux mais à l’aide précieuse de deux amis.
Les mois passent, les clans écossais s’unissent sous la bannière de l’héritier des Stuarts. Mais Joseph n’en a cure. Il a avant tout besoin de se rétablir et n’a qu’une chose en tête: laver son honneur et rétablir la vérité. Accompagné de Ian, il se lance en quête de preuves et d’éléments permettant de percer à jour le complot qui a failli lui coûter la vie.
Tout semble désigner William Menmuir, le frère d’Amélia. Mais n’est-ce pas un nouveau piège ?

Le contexte historique fouillé donne de l’épaisseur à l’aventure inventée par l’auteur. L’aspect mystique entraperçu dans le tome 1 se confirme ici. Le dessin réaliste, précis, dynamique est soutenu par des couleurs qui épousent les lieux et personnages qu’elles habillent.
Un travail à souligner, tant il est rare de nos jours de trouver un diptyque réussi par un seul auteur !

Zahou.

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11 septembre 2013

Chronique

Ce n’est sans doute pas un hasard si ce livre partage le même titre qu’une chanson de Serge Gainsbourg qui se termine ainsi :

Entre ces esclaves nus taillés dans l’ébène / Qui seront les témoins muets de cette scène / Tandis que là-haut un miroir nous réfléchit,/ Lentement j’enlace Melody.

L’héroïne se nomme ici Émilie mais les points communs ne manquent pas entre les paroles de la chanson et la bande dessinée : l’érotisme, le mystère et certains éléments contribuant à créer l’un et l’autre, notamment le miroir.

Tandis que s’égrènent les vers de Rimbaud consacrés à la pâle figure d’Ophélie, les premières cases nous montrent la jeune femme terminer une lecture, chercher à tromper son ennui (ce mortel ennui, autre chanson de Gainsbourg), gagner la salle d’eau, ouvrir sa fenêtre au souffle glacial de l’hiver avant de se plonger dans un bain fatal.

Seul témoin de la scène (avec le lecteur qui partage son statut de voyeur), un chat qui ne restera pas muet. Car on ne tarde pas à découvrir la veine fantastique du récit, quand Émilie réapparaît sous une forme spectrale capable de traverser les murs, de flotter dans les airs et de converser avec les chats mateurs.

Il faut dire que le cadre de l’action est effectivement particulier, un immeuble peuplé d’êtres et d’objets étranges. On y retrouve des archétypes du genre fantastique comme la vieille sorcière, des enfants en contact avec le Mal, un artiste tourmenté dont le seul bien est un miroir magique. Plus étonnant, ce bon vivant bedonnant qui cumule les péchés de chair et de gourmandise, et a le pouvoir enviable de convier à ces agapes libertines des personnages issus des chefs-d’œuvre de la littérature – ce qui ne va pas sans poser quelques problèmes de voisinage.

Littéraire, cette bande dessinée l’est particulièrement. Les références abondent au fil du récit, dans un univers oscillant entre mélancolie plus ou moins douce et horreur crue, parfois traversé de brefs moments de volupté. Les planches sont souvent très belles, s’appuyant sur un dessin réaliste traité au lavis. Quant à l’histoire, sans en dévoiler la fin, disons seulement qu’elle voit s’accomplir l’union d’Éros et de Thanatos…

Le Conflit de générations

1

Fluide Glacial

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9 septembre 2013

Chronique

2018 : les jeunes se révoltent et prennent le pouvoir.
2022 : les seniors tentent de survivre…

Dédé, 67 ans, se terre depuis 4 longues années au sein de la bibliothèque municipale avec ses congénères. La ville, devenue hostile au troisième âge, est désormais régie par les geeks !


Le simple fait de se rendre à la supérette peut devenir un véritable parcours du combattant. Les innombrables P.A.V (Pièges à Vieux), associés aux défaillances des corps et des esprits, rendent la vie difficile à nos anciens.
Mais loin d’eux l’idée de se résigner, leur salut dépend de leur capacité à résister aux libidineux boutonneux !

Je crois n’avoir jamais autant ri en lisant une BD. Les douze chapitres que contient cet album sont intelligents et bourrés d’humour… noir de préférence !
Mo/CDM dépeint de manière corrosive la société, la vision consumériste des multinationales, les rapports humains. Les personnages et leurs comportements sont volontairement exacerbés afin de rendre plus jouissive l’aspect incongru des situations.
En bref, une œuvre remarquable qu’il faut absolument posséder !

Néness.

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19,00
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4 septembre 2013

Chronique

Un mal vient de s’abattre sur Paris.

Tout d’abord une femme est retrouvée figée, une lettre à la main. Puis vient le tour de jeunes couples, pétrifiés en pleine rue, mais aussi de plus vieux, statufiés devant leurs assiettes de soupe. Rapidement le phénomène prend de l’ampleur et met la capitale en émoi.

Car si la science donne un nom à cette épidémie et tente d’en expliquer les processus, elle ne peut en revanche y trouver de remède. En effet, il semble bien que l’amorostasie soit une maladie incurable, un virus capable de foudroyer ceux qui tombent amoureux. Une paranoïa s’empare alors de la société toute entière, les êtres s’éloignent de toute tentation et le sentiment amoureux devient un danger qu’il faut fuir à tout prix.

Le personnage principal, Olga Politof, est une jeune journaliste en quête de vérité et ce qu’elle découvre autour et au fond d’elle va bouleverser ses certitudes.

Amorostasia est un roman graphique en noir et blanc empreint de beaucoup de douceur et de pudeur. Comme dans La belle image, un album précédent adapté du récit de Marcel Aymé, Cyril Bonin interroge en finesse l’insaisissable sentiment amoureux.

Prévenus par un bandeau dès la première de couverture que « tomber amoureux nuit gravement à la santé », on se prend pourtant à rêver, en refermant le livre, d’être à son tour atteint de l’amorostasie…