• Conseillé par
    6 février 2013

    Barbey d’Aurevilly le catholique pratiquant le nihilisme.
    Un moraliste nihiliste. Un nihiliste moraliste. Un indécrottable provocateur embourbé dans ses contradictions.

    Mais quel talent d’écrivain !
    Quel style !
    Outrancier et précieux, excessif et inattendu. Brillant de mille feux maléfiques.
    Je ne m’en lasse pas !


    «Il s’appelait Sombreval. Jean Gourgue, dit Sombreval, du nom d’un petit clos qui avait appartenu à son père...»
    Jean Gourgue, à force de «livreries» devient prêtre.
    Part à la capitale révolutionnaire, loin de sa Normandie natale.
    Là il va «tuer Dieu», renier l’Eternel, se marier.
    Quand Sombreval revient au pays arriéré, tourmenté de son enfance avec sa fille Calixte.
    Réputé de mystères, porteur de lourds secrets, Sombreval va t-il subir le châtiment de Dieu, la vindicte du village ?

    Roman métaphysique condamné par l’Eglise, hué par les humanistes athées.

    Comme dans son recueil «Les Diaboliques», Barbey d’Aurevilly fait reposer son récit sur un schéma conversationnel où divers intervenants racontent l’histoire.
    Un premier narrateur (l’auteur ?) cède la parole à un second narrateur qui se charge du récit.
    L’effet est saisissant, étonnant, détonnant.
    Récit enchâssé comme des «ricochets de conversations».

    J’adore cette mise en appétit !
    Ici, encore, fantastique, religion, superstitions et suspens au menu.
    Dans une atmosphère mystérieuse à souhait !

    Alors, oui, oui et toujours oui, il faut lire cet écrivain boudé par les critiques littéraires adeptes de l’écriture light.

    Effrayant catholique, royaliste convaincu (il n’a rien pour me plaire le Barbey d’Aurevilly !), dandy déjà démodé qui tourne le dos à la foule des naturalistes, «lettré de race dans la débine» (les frères Goncourt), Barbey d’Aurevilly est un écrivain magnifique.

    «Les passions font moins de mal que l’ennui.» écrivait-il...