Les derniers jours de Stefan Zweig

Laurent Seksik

Flammarion

  • Conseillé par
    28 octobre 2010

    Les "derniers jours" de l'auteur de "Vingt quatre heures de la vie d'une femme" retrace finalement les derniers mois de son exil, à partir de sa fuite de l' Europe nazi aux Etats-Unis puis au Brésil.
    C'est à Pétropolis qu'il se donnera finalement la mort avec son épouse Lotte, le 22 février 1942.

    Qu'il est dur finalement de reconstituer cet état d'esprit d'un homme sans promesses d'avenir, qui pourtant se mariait deux ans plus tôt en Angleterre à sa toute jeune femme moitié moins âgée que lui.
    Même si le titre l'annonce sans détour, le récit tire trop vers sa fin inéluctable, où tout finalement s'interprète comme un signe avant coureur du drame.
    De même, il est délicat de traiter du cas de Lotte, amoureuse passionnée, prête à suivre son mari jusque dans la mort, pour devenir, à défaut de la compagne de sa vie, la compagne d'un au delà.
    Le roman oscille donc entre les deux écueils d'une dramaturgie pesante et d'une passion un peu "fleur bleue".

    C'est surtout la question de la ruine de l' Europe, du monde commun qu'elle constituait, de l'échec des intellectuels à anticiper le désastre, qui retiendra le mieux notre attention.
    Ainsi Laurent Seksik fait parler l'un de ses personnages à Zweig: "Tu t'es tellement assimilé à ce monde viennois, à cette culture de feu la Mitteleuropa, qu'en la détruisant les nazis t'ont brisé. Et ce que tu décris, par une sorte de prémonition, ce que tes livres traduisent, à travers la folie de tes héros, c'est le récit de ton propre anéantissement".

    La difficulté à survivre à son monde, voilà le véritable enjeu.
    L'angoisse de celui qui ne peut plus écrire dans sa propre langue, que l'on dépossède de son identité et de son sol.
    Mais la trame pourtant importante de ce malaise se perd dans le récit sentimental de Seksik.
    Un livre qui retiendra donc l'attention des adeptes de Zweig, mais qui avec un héros de fiction n'aurait pas cet atout.

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