Manhattan, roman

Anne Revah

Arléa

  • Conseillé par
    17 mai 2010

    Une tache sur la bras qui a la forme de Manhattan. Un diagnostic sans espoir. Cela suffit pour que la narratrice prenne ses clefs, son chien, quelques affaires et quitte définitivement sa vie, son mari, ses enfants et tout ce qu’elle avait construit.

    D’abord tentée par une destination exotique, elle finit par se réfugier dans un meublé sans âme pour régler ses comptes. Là voilà donc qui utilise ses dernières forces pour écrire à sa mère. Car elle a un secret à lui confier, un secret en forme de vengeance. Par indifférence ou laxisme – voire par perversité? – cette dernière a, en effet, confié jadis sa petite fille à une femme qu’elle ne connaissait pas. L’enfant a subi un traumatisme qui a hypothéqué sa vie, dont elle n’a jamais pu se défaire, la conduisant à se construire ce que les psychologues appellent un « faux-self », sorte de masque derrière lequel elle se réfugie pour donner aux autres l’impression d’une normalité, quand, en réalité, elle se sent absolument et irrémédiablement vide et inexistante.
    Je suis sortie avec un avis mitigé de cette lecture. L’histoire est poignante parce que les évènements vécus par cette femme sont cataclysmiques. Qui pourrait ne pas compatir à ses malheurs? Mais serions-nous aussi touchés par le style d’Anne Révah si le personnage traversait des épisodes moins dramatiques? Et puis cette réaction excessive, si elle peut se comprendre dans un premier temps, paraît néanmoins très étrange une fois le livre refermé. Pourquoi l’héroïne n’a-t-elle rien fait avant? Les moyens de surmonter les blessures de l’enfance existent… Quant à son attitude vis à vis de ses propres enfants et même de son mari, elle n’a rien à envier à l’attitude de sa mère… Fausse, totalement indifférente aux effets son départ, persuadés qu’ils s’en sortiront quoi qu’il arrive. Mais alors pourquoi tant d’apathie de son côté? La résilience pour ses enfants mais pas pour elle?
    Au total, j’ai trouvé qu’il y avait trop de pathos dans cette histoire. A peine quatre-vingt dix pages et trois drames bien lourds! On ne voit plus que ça dans le récit et cela déséquilibre l’ensemble. Le cœur de l’histoire est ébauché en quelques paragraphes à peine et j’ai eu l’impression d’une incomplétude. Comme si tout n’avait pas été dit, comme s’il demeurait encore quelque chose de caché sous les mots. Comme si l’auteur n’avait pas été au bout de sa réflexion…


  • Conseillé par
    26 février 2010

    Avec ce premier livre, Anne Révah fait fort. Très fort.
    Tout commence par une douleur sur une partie de l’avant-bras, une femme consulte un neurologue. Le verdict tombe tel un couperet : quatre tâches blanches dans le cerveau. Le processus de la maladie démyélinisante est enclenché. Pas de retour arrière possible ou de guérison. Elle sait ce qui l’attend. Elle fait le choix de ne pas faire subir cette dégradation de son être à son mari et à ses enfants. Elle part. Elle arrête de jouer son rôle d’épouse et de mère. Depuis son enfance, elle a mimé, s’est fardée du comportement des autres pour masquer un traumatisme. Nuit d’hôtel puis une location meublée où elle écrit une seule lettre destinée à sa mère. Dans sa lettre, elle avoue, elle dénonce l’horreur…

    Je suis sonnée, chamboulée, submergée d’émotions. Une lecture très, très forte. Poignante et superbement bien écrite.

    Ce premier livre révèle un vrai un talent. Anna Révah est très douée : une sensibilité, un style limpide… Chapeau bas.

    Un livre à lire absolument.

    « Je me suis attachée à aménager une apparence qui dispose un contour, une sorte de paroi. On ne verrait pas derrière cette paroi. La façade était enviable, assurément efficace. Je m’installais sous le regard des autres. J’existais. »