Elizabeth P.

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1 janvier 2019

Été 1992, 1994, 1996,1998. Une chaleur de plomb dans cette vallée du nord-est où les hauts fourneaux se sont tus.
Morosité économique et sociale. En 1994, Anthony a 14 ans. Adolescence difficile.
Il y a son cousin, ses potes. Tous des ados désœuvrés entre les pétards, la sexualité naissante, parfois la violence.
Côté parents, ce n’est guère plus brillant. Boulots précaires, couples vacillants, alcool… Et les années passent.
Le livre est assez long mais captivant.
Le désœuvrement de ces jeunes qui peinent à trouver leur voie dans une région où les espoirs d’une belle vie s’amenuisent est analysé avec beaucoup de réalisme. L’usure des couples aussi.
Un roman social dans une région sinistrée où vivre n’est pas facile.
Il m’a fait penser à « D’acier » de Silvia Avallone où deux adolescentes se cherchent sous les hauts fourneaux d’une ville de Toscane. C’est le même scénario désespéré. C’est un bon roman. S’il n’y a pas d’originalité particulière dans l’écriture, elle est très visuelle et pourrait être le point de départ d’un bon film, comme « Aux animaux la guerre ».

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30 décembre 2018

J’ai dévoré ce livre, adoré ces « bracassées ».
Fleur, 76 ans, obèse, agoraphobe, flanquée d’un chien aussi gros qu’elle.
Harmonie, 29 ans, atteinte du syndrome de La Tourette.
Ces deux là se rencontrent grâce à une petite annonce. Et puis Elvire, atteinte de nystagmus, ses yeux partent dans tous les sens. Et Tonton, qui vend des poissons et sculpte des œuvres improbables. Et Monsieur Poussin, 103 ans, qui a photographié des milliers de personnes par sa fenêtre
Oui, voilà une petite troupe de bracassés que le regard des autres a toujours apeuré. Mais quand on les connaît, comme ils sont attachants !
Lire Marie-Sabine Roger, c’est toujours se prendre une bouffée d’optimisme dans des situations pas toujours faciles.
Elle a le même esprit de bienveillance que Barbara Constantine pour des êtres éprouvés par la vie.
Elle sait être grave avec tant de légèreté et d’humour, sans faire peser le poids des blessures de ses personnages. Je n’avais qu’une hâte, trouver un moment pour rouvrir le livre et continuer à partager la vie de Fleur et d’Harmonie. Un auteur qui voit le positif dans des situations désespérées, ça change tout

Les trois exils

Actes Sud

16,80
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28 décembre 2018

Salina est une femme au destin tragique et solitaire. À sa mort, son dernier fils raconte sa vie pour qu'elle devienne légende et que son âme repose en paix.
Salina, femme puissante et atypique au destin contrarié.
Salina qui eut trois fils, vécut trois exils.
Salina, forte et fragile habitante du désert.
Ah, Laurent Gaudé ! quel merveilleux conteur ! Comme il sait bien nous embarquer dans des vies improbables. Comme il sait bien animer des personnages d'exception. Le livre est court, se dévore en quelques heures et laisse en nous une part de Salina.
Encore un moment de bonheur littéraire que nous offre Laurent Gaudé.

17,00
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20 décembre 2018

Un premier roman magistral ! Un livre qui se dévore avidement et laisse presque sans voix.
Dans un lotissement banal, des familles banales, des biens, des moins biens.
Et puis celle de cette petite fille de 11 ans qui adore son petit frère de 8 ans, Gilles.
La mère, c’est une « amibe », terrorisée par son mari. Le père, c’est un chasseur, un vrai. Il y a d’ailleurs dans la maison la « chambre des morts », pleine de trophées dont une défense d’éléphant, et surtout, la hyène.
Il est très violent le père !
Un drame fait perdre le sourire du petit frère. Et, de ce jour, pendant des années, la fillette surdouée va tout faire pour que tout redevienne comme avant. Tout démarre presque gaiement, dans une ambiance d’enfance heureuse, du moins entre les enfants. Mais au fil des ans, l’état psychique de Gilles empire et tout devient lourd, violent.
Adeline Dieudonné a créé des personnages magnifiques, tant dans le mal que dans le bien.
Des personnages entiers, sauvages.
Et que dire de cette atmosphère qui va crescendo dans la violence. Tout cela avec une très belle écriture, qui passe de poétique à dure, parfaitement maîtrisée. Pas un mot de trop, mais toujours le mot juste.
Ah des romans comme ça, on en redemande !

Walter, Robin

Ronds dans L'O

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20 décembre 2018

Quel émouvant hommage que celui de Robin Walter à Maria, la femme de ménage portugaise que ses parents emploient depuis trente ans. Mais voilà, ils vendent leur maison et doivent se séparer de la fidèle Maria. Comme un signe de remerciement et de reconnaissance, l'auteur décide de raconter son histoire. Son enfance au Portugal, l'exil en France dans les années 70.
Pour mieux comprendre, il recueille de nombreux témoignages d'autres migrants et se penche sur l'histoire du pays et de la dictature de Salazar. C'est très instructif historiquement parlant. Les rapports de la famille avec Maria sont touchants.
C'est vraiment une très belle histoire. Par contre, je suis moins fan des dessins. Certains sont très expressifs et réalistes, mais l'ensemble m'a paru sombre et brouillon. Ceci dit, j'ai quand même passé un excellent moment.