L'ODYSSEE D'HOMER... J. SIMPSON

10,40
25 novembre 2010

Voilà un polar noir, vraiment noir. Un récit dur, désespéré, violent dans lequel on fréquente des flics "borderline", un assassin pervers qui tue des pédophiles, les membres d'une "secte" sadique underground, des enfants martyres, une mère qui trouve la force de ressusciter malgré l'assassinat de sa petite fille...

Paul Nazutti, flic à la brigade des mineurs, passe sa vie à traquer les pédophiles. Sa vie est merdique mais il est en croisade contre la lie de l'humanité. Raciste, homophobe, violent, misogyne, misanthrope... il fait le vide affectif et relationnel autour de lui (avec succès). Il use ses binômes les uns après les autres... jusqu'à l'arrivée de l'idéaliste Andreotti. Une confrontation entre le mal (le flic à l'ancienne, véritable boule de haine lancée contre tous) et le bien (celui qui y croit encore)...

Une véritable descente aux enfers. En trame de fond, l'odeur de la peur, l'odeur de la mort.

Traduit de l'anglais (États-Unis) par Adelaïde Pralon

Liana Levi

14 novembre 2010

Karim, un jeune informaticien du Qatar recruté par une grosse boîte financière américaine, débarque à New York pour lutter contre le bug de l'an 2000. Ouvert et curieux, le jeune homme cherche à comprendre les codes, les règles de politesse, les coutumes et même les expressions américaines courantes (et parfois déroutantes) dont il apprend à éviter les pièges au fil des conversations. Malgré le choc des cultures, il s'acclimate sans difficulté, en utilisant un dictaphone et en notant tout dans son journal.

En vrai crack de l'informatique, il crée même un programme informatique ambitieux, Kapitoil, pour "faire naître une chose positive" (de l'argent) "à partir d'une situation négative" (la violence dans le monde). Ce programme lui permet même de prédire les cours du pétrole pour le plus grand profit des traders. La réussite est au rendez-vous : il aura d'ailleurs le privilège de rencontrer le P-Dg de sa banque grâce à la mise au point de ce logiciel qui fait gagner des sommes folles à son entreprise.

A travers le regard de ce jeune informaticien très attachant, l'auteur, Teddy Wayne, dresse un portrait plein de sensibilité et d'humour du Manhattan de la finance, un monde "impitoyable" où il faut savoir faire la part des choses entre confiance et méfiance...

9 novembre 2010

The Guardian présente ce roman comme "un vrai thriller du XXIe siècle", et c'est en effet le cas. L'Australien Peter Temple propose une intrigue complexe et passionnante qui met en scène une kyrielle de personnages gravitant entre Johannesburg, Londres, Hambourg et le Pays de Galles.

L'histoire s'organise autour d'une cassette vidéo dont les images montrent un massacre perpétré dans un village africain par des soldats de l'armée américaine... Cette cassette tombe entre les mains de Con Niemand, un ancien mercenaire reconverti en garde du corps. Ce dernier comprend que ce "témoignage" vaut de l'or et cherche à le monnayer au plus offrant... Mettant sa propre vie en jeu. De son côté, John Anselm, un ancien journaliste reconverti en enquêteur pour une société de surveillance, va se retrouver, malgré lui, mêlé à cette affaire. Tous deux vont être confrontés à des individus sans scrupules, prêts à tout pour effacer les preuves...

Entre manipulation, trahison, secret, traumatisme et destin personnel, la construction du roman est excellente. D'un pays à l'autre, d'un protagoniste à l'autre, les morceaux du puzzle s'imbriquent et l'intrigue gagne en intensité. Petit bémol : la lecture requiert de la concentration, tant il y a des personnages impliqués.

XO éditions

18,90
2 novembre 2010

Un lieu : Paris, dans un futur plus ou moins proche.
Un héros : un jeune homme de 35 ans, drogué de pixels (ordinateur, télévision, téléphone...), fan de jeux vidéo en ligne et souvent déprimé. Un "No life" en puissance !
Son souhait : changer de vie !
Seul hic : "Changer de vie, c'est souvent comme ça que naissent les problèmes", lui dit son voisin.

Et des problèmes, le jeune héros va en avoir à la pelle : cambriolage, meurtres, arrestation, course-poursuite, espionnage... De l'action, des rebondissements, des mensonges, de l'amitié, une pointe d'amour : tous les ingrédients sont réunis dans ce polar futuriste pour tenir le lecteur en haleine. Entre réel et virtuel, le monde ne semble pas tourner rond. Mais il est dangereux d'avoir un éclair de lucidité, quand on s'en prend à ceux qui tirent les ficelles. La conspiration est en marche. "Big Brother" est parmi nous et nous ne sommes que des marionnettes !

Un excellent premier roman, décalé, haletant et subtil.
A lire au plus vite... et à adapter sur grand écran !

28 octobre 2010

Ne connaissant pas l'œuvre de Thomas Bernhard, quelques recherches s'imposaient. Né en 1931 aux Pays-Bas, cet écrivain et dramaturge au style singulier, misanthrope, vivait une relation d'amour et de haine avec sa patrie. Après avoir connu le succès critique dès ses premières publications dans les années 60, il est considéré comme un des auteurs les plus importants de la littérature germanique d'après-guerre.

Sa carrière est émaillée de scandales, certains délibérément provoqués par l'auteur, et parfois liés aux nombreux prix littéraires que l'Allemagne et l'Autriche s'acharnaient à lui remettre. Il est mort en 1989. Aujourd'hui, il est unanimement considéré comme un des plus grands prosateurs de langue allemande.

La publication de "Mes prix littéraires" en Allemagne, pour le vingtième anniversaire de la mort de l'écrivain autrichien, a été salué comme un événement. Inédit jusqu'à aujourd'hui, ce petit volume de textes achevé en 1980 réunit neuf récits de remises de prix et les discours de réception correspondants. Des textes à la fois caustiques, poétiques, drôles, mordants et violents.

Comme la France, l’Allemagne et l’Autriche ne sont pas avares de prix littéraires. Malgré les horreurs que Thomas Bernhard a écrites sur son pays, ses concitoyens, ses institutions, l'écrivain autrichien a souvent été le lauréat de prix littéraires, prestigieux ou dérisoires. Des distinctions qu'il a acceptées... parce qu’elles étaient accompagnés de sommes d’argent dont il avait besoin. A neuf reprises, Thomas Bernhard s’est donc prêté à la "mascarade" de la remise officielle et pompeuse de prix. L'écrivain est agacé, amusé, amer, désabusé, sarcastique, heureux, furieux contre lui-même... A la première cérémonie, on ne le reconnaît pas. A la suivante, on le présente comme "Madame" Bernhard. Une autre fois, il manque de ce se faire frapper par le ministre de la Culture, avant qu'une autre cérémonie ne soit tout bonnement annulée. Le livre présente ainsi le récit de toutes les humiliations consenties par Thomas Bernhard.