La mémoire du désir

Pré­faceRéédi­ter un ouvrage en for­mat poche, c’est lui don­ner un second
souf­fle, une nou­velle vie, un public élargi, sou­vent rajeuni. Je ne peux
que me réjouir que cette publi­ca­tion se fasse, de sur­croît, dans la
col­lec­tion Typo.Mes édi­teurs ont rai­son de croire que La mémoire du désir
cons­ti­tue un texte char­nière dans mon che­mi­ne­ment. Non seu­le­ment son
écri­ture s’est éche­lon­née sur plu­sieurs années, en paral­lèle avec
d’autres re­cher­ches, mais elle fut l’occa­sion de faire le point sur un
thème cen­tral de mon œuvre, tout en m’entraî­nant dans des sen­tiers
impré­vus, explo­rant des dis­ci­pli­nes a priori étran­gè­res pour moi. On ne
sait jamais jusqu’où notre curio­sité va nous mener et j’ai laissé la mienne
me gui­der sans con­trainte : rare­ment ai-je tant lu et dans des champs aussi
dif­fé­rents, pas­sant allè­gre­ment d’une science à une autre.Le résul­tat en
fut un ouvrage de por­tée quasi uni­ver­selle, en ce sens qu’il con­cerne
aussi bien les hom­mes que les fem­mes, les jeu­nes que les plus âgés, et les
per­son­nes de tou­tes ten­dan­ces éro­ti­ques. D’où, sans doute, le bon
accueil qu’il a reçu, suc­cès con­firmé au fil des ans. En effet, pres­que une
décen­nie après sa publi­ca­tion initiale, La mémoire du désir est con­si­déré
par plu­sieurs comme un clas­si­que. Non seu­le­ment est-ce l’un des mes
ouvra­ges les plus fré­quem­ment cités, mais encore l’est-il dans les médias
les plus divers, re­joi­gnant ainsi, aujourd’hui comme hier, tous les
pu­blics.Cet essai est aussi, je dois le dire, un des plus li­bres qu’il m’ait
été donné d’écrire, ne résul­tant d’au­cune com­mande par­ti­cu­lière, qu’elle
soit de nature édi­to­riale ou scien­ti­fi­que. Com­pren­dre ce moteur de nos
vies que devient sou­vent le désir fut une aven­ture pres­que témé­raire,
quoi­que ludi­que. Le désir nous pro­­met monts et mer­veilles, cer­tes, mais
il est avant tout voyage au bout de soi. Cela sera, j’ose l’espé­rer, le
pro­­gramme réservé à mes nou­veaux lec­teurs, comme il fut d’abord le mien au
fil de mes inter­ro­ga­tions et de mes décou­ver­tes.Michel Dorais